Alors que l’épidémie de COVID-19 est manifestement en train de reprendre, que certains ont prôné le développement d’une immunité collective, et que nos patients nous questionnent, il faut bien avoir conscience de 3 choses et pouvoir leur expliquer (liens bibliographiques ci-dessous).
Tout d’abord, personne ne sait actuellement combien de temps dure l’immunité. Nous avions vu avant l’été (La SFD et Vous, juin-juillet 2020) que la durée de présence des anticorps était (très) limitée. Il semble persister (voire parfois préexister) une immunité cellulaire protectrice mais comme elle est difficile à mesurer, il est impossible de la quantifier individuellement en routine. Le deuxième point est que « l’orage immunitaire » qui suit l’orage inflammatoire est susceptible de déclencher/révéler des pathologies auto-immunes a fortiori chez nos patients ayant un diabète de type 1 qui ont par définition un terrain auto-immun. Le troisième point est la survenue très probable de séquelles définitives chez un grand nombre d’individus, même chez des personnes qui ont fait des formes « légères » (traitées à domicile) et même chez des sujets jeunes et sans pathologies préexistantes. Ainsi, dans une étude où des IRM cardiaques ont été réalisées 2 à 3 mois après une infection par SARS-CoV2 chez 100 personnes (âge médian 49 ans, IQR = 45-53 ans) dont les 2/3 avaient été traités à domicile et 18 avaient même été asymptomatiques, 78% présentaient des stigmates d’atteinte cardiaque et 60% présentaient encore des signes d’inflammation myocardique indépendamment de la sévérité de l’infection ou de pathologies préexistantes. Des complications neurologiques (encéphalopathies, syndrome de Guillain-Barré, AVC) sont également décrites. Parallèlement, une étude chinoise menée chez 55 personnes hospitalisées pour des formes non sévères de COVID-19 montre que 3 mois après leur sortie, 70% des patients présentent des anomalies pulmonaires à l’imagerie et 25% des anomalies de la fonction respiratoire. Enfin, une atteinte rénale, potentiellement irréversible, pourrait survenir chez environ 1/3 des patients hospitalisés. L’infection COVID-19 n’est donc pas un simple rhume… même si elle peut être asymptomatique ou peu symptomatique, et ceux qui ont fait une forme légère (traitée à domicile), modérée (hospitalisation) ou sévère (réanimation), qui ont un « COVID long », qui ont développé une maladie auto-immune dans les suites ou qui présentent des séquelles potentiellement définitives en ont fait la douloureuse expérience.
Les liens des spécialistes : • https://d19cgyi5s8w5eh.cloudfront.net/usr/6e466d804696c9f45ecfe1f6e659c136/eml/L7cKXiM8R9yWQx • https://www.bmj.com/content/370/bmj.m3018 • https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7289100/ • https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/fullarticle/2768916 • https://academic.oup.com/brain/advance-article/doi/10.1093/brain/awaa240/5868408 • https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(20)30207-8/fulltext • https://link.springer.com/article/10.1007/s40620-020-00789-y
Les liens des patients : • http://www.academie-medecine.fr/avis-de-lacademie-les-sequelles-de-la-covid-19/ • https://www.hopkinsmedicine.org/health/conditions-and-diseases/coronavirus/coronavirus-kidney-damage-caused-by-covid19
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