La lettre d'info du SSRS

7 avril 2021 • Voir la version en ligne

 
 
 
 
 
 
 

“Le réel c'est quand on se cogne.” 

Jacques  Lacan

 
 

Elle est où la sortie?

Un an quasiment après les premières fermetures, le Conseil Fédéral repousse* une fois encore la date d’ouverture des restaurants, lieux culturels et lieux festifs. Nous n’avons toujours pas à ce jour de plan de sortie de crise digne de ce nom. 

La nuit, la culture, la restauration, tous ces lieux essentiels du vivre ensemble, de la rencontre, méritent mieux que cette valse hésitation sur les dates de réouverture. Contrairement aux discours officiels ce sont des secteurs essentiels au bien vivre collectif et les effets de cette année blanche se font sentir désormais en Suisse comme ailleurs. L’augmentation massive de la détresse et des symptômes dépressifs, particulièrement parmi les jeunes, relevée par un nombre croissant de médecins et scientifiques, impose de revoir les priorités fixées pour les ouvertures. Ce d’autant plus que de nombreuses études scientifiques remettent aujourd’hui en question le fait que les lieux de culture soient des lieux de contamination. Le conseil scientifique français, classe même les lieux culturels parmi les activités à « risque peu élevé́». 

Enfin nous rappelons que quand on empêche des secteurs entiers de travailler, d’exercer leur activité professionnelle et économique, qu’on les exproprie de leur capacité de gagner leur vie, on doit les indemniser correctement. La Loi Covid 19 adoptée aujourd’hui* a certes apporté quelques améliorations mais le Parlement n’a pas voulu saisir la possibilité d’un changement de paradigme : il faut sortir de la logique de sauvetage pour compenser enfin dignement les pertes massives subies par les secteurs empêchés.

*le 19 mars 2021

 
 


 
 

Action chômage Genève

Plusieurs associations, dont le SSRS, se sont mobilisées contre la politique punitive de l’Office Cantonal de l’Emploi à l’égard des assuré·es.

L’Office cantonal de l’emploi reproche aux assuré·es de ne pas produire suffisamment de recherches d’emplois alors que l’économie tourne au ralenti et que certains secteurs sont fermés. Depuis le début de l’année, plus de 2'500 personnes se sont vues infliger une pénalité d’environ 10 jours de paye, soit environ la moitié d’un revenu mensuel. Les 2/3 de ces sanctions sont pour insuffisance de recherches d’emploi. 

Une pétition signée par plus de 5’000 personnes a été suivie d’une motion déposée au Grand Conseil genevois, qui a été adoptée le 26 mars. Elle demande notamment de:

-adapter les exigences de l’OCE en matière d’obligation de production de recherches d’emploi aux réalités économiques et sanitaires.

– annuler avec effet rétroactif et remboursement, le cas échéant, les sanctions et pénalités infligées par l’OCE depuis le début de la crise sanitaire qui peuvent être, directement ou indirectement, liées à celle-ci ;

– tout mettre en œuvre pour changer la politique de l’OCE qui consiste à contrôler et punir avant d’aider et soutenir ;

– demander au Conseil fédéral de prolonger de 6 mois la durée des indemnités et délais-cadres pour toutes les personnes au chômage.

 
 

Quoi de neuf?

La dernière session parlementaire a adapté le dispositif de soutien au secteur culturel. En conséquence de cela le Conseil Fédéral a modifié l’ordonnance culture. Si certaines améliorations sont à saluer, comme notamment la possibilité pour les intermittent·es de bénéficier des mesures de compensation pour pertes, l’assouplissement des conditions d’accès à l’aide d’urgence ou encore la rétroactivité des mesures au 1er novembre, globalement la situation reste difficile. Il faut impérativement simplifier l’accès aux mesures et s’assurer que les aides dues parviennent plus rapidement aux bénéficiaires. Actuellement une entreprise culturelle qui a subi un dommage (annulation par exemple) en novembre 2020 doit déposer une demande en mai 2021. Il faudra encore, selon l’expérience de la première vague (voire le sondage de la TaskForce Culture Romande) entre deux et 4 mois avant que les sommes dues arrivent. 

Il faut aussi bien entendu, par dessus tout, aussi bien pour les acteur·es culturels que pour le public, pour l’ensemble des secteurs empêchés, des perspectives de sortie de crise.