par Agnès Desserprix et Atéfeh NIKPEYMA
La 23ème rencontre nationale des infirmières en tabacologie et addictologie organisée par AFiT&A s’est déroulée le 13 octobre 2023 au CHU de Reims. Cette journée a débuté par la présentation du travail de collaboration des Sociétés Francophone de Tabacologie (SFT) et du Diabète (SFD) ainsi que de la Fédération Française des diabétique, et du consensus produit sur les liens entre le tabagisme et le diabète. Nous avons ensuite pu bénéficier des différentes présentations sur les méthodes alternatives de prise en charge du sevrage tabagique. Cette journée a été également l’occasion pour Agnès Desserprix de présenter la SFD et la SFD paramédicale. Le Pr Vincent Durlach, diabétologue et tabacologue au CHU de Reims a présenté les éléments importants à retenir que vous pouvez retrouver dans l’article publié.

Il y existe un lien entre le fait de fumer et de devenir diabétique. Les études montrent : - Une augmentation de l’insulinémie chez les fumeurs et une augmentation de l’insulinorésistance,
- Une corrélation entre l’augmentation de l’A1c et le nombre de cigarettes fumées,
- Un risque plus élevé de devenir diabétique chez le fumeur actif et passif (mécanisme dose dépendante).
Ces travaux de recherche mettent aussi en évidence des glycémies plus instables et des hypoglycémies plus fréquentes chez les fumeurs ainsi qu’un risque de complications du diabète majoré. Alors que le tabac est la première cause de mortalité chez la personne diabétique, En France 13% des diabétiques de type 2 et 25% des diabétiques de type 1 sont fumeurs. C’est la raison pour laquelle le sevrage tabagique est une priorité et doit être abordé dès la prise en charge du diabète. Tous les professionnels de santé sont à même de sensibiliser le patient sur le sevrage tabagique. Le RPIB (Repérage Précoce-Intervention Brève) est une méthode de repérage, d’encouragement à l’arrêt et au maintien de l’abstinence, dans le but de favoriser l'arrêt du tabac, du cannabis et réduire la consommation d'alcool.
Il s’agit donc : - D’évaluer avec le patient à l’aide des outils existants sa consommation et les risques * CF documents joints,
- De proposer une intervention brève en s’appuyant sur l’entretien motivationnel et d’accompagner le patient.
Le RESPADD (anciennement réseau Hôpital sans tabac) soutient et développe cette approche. Vous trouverez sur leur site, les outils en accès libre permettant de mettre en place le RPIB et des formations. Vous pourrez également commander gratuitement le livret des premiers gestes en tabacologie.

Le RPIB peut être proposé par tous les professionnels de la santé formés. En revanche, tous les acteurs de la santé peuvent intervenir pour la prescription des substituts.
Quels sont les aides thérapeutiques possibles ? Puisque la dépendance au tabac est physique et psycho-comportementale, le traitement proposé doit également prendre en compte les deux aspects avec des traitements nicotiniques de substitution et des thérapies psycho comportementales.
Les traitements nicotiniques de substitution : - Les patchs, - Les gommes à macher, - Les comprimés ou pastilles à sucer, - Les comprimés sublingaux, - Le spary buccal, - Les vapoteuses peuvent également être une aide mais elles doivent être arrêtées lorsque la situation est stabilisée.
Leur posologie pourrait s’apparenter à un traitement basal/bolus : un patch en tant que basal et les autres traitements en tant que bolus lorsque le patient en ressent la nécessité.
« Où va le souffle va le mental, si le souffle est calme le mental le sera aussi » (Hatha Yoga Pradipika) Thérapies psycho comportementales : Ces thérapies sont nombreuses et ciblent les comportements problématiques afin de les modifier. Elles vont généralement travailler sur le geste lié au fait de fumer, les sensations, la confiance et l’anxiété. Lors de cette journée quelques une de ces thérapies nous ont été présentées : la sophrologie, la cohérence cardiaque, la yogathérapie et la pleine conscience. Il est important pour le patient de choisir celui qui lui convient le mieux.

Un des freins à l’arrêt du tabac est la prise de poids. Celle-ci et de l’ordre de 4 à 5kg dans l’année souvent dans les trois premiers mois. Néanmoins, il s’agit là de retrouver leur poids de non-fumeur. Si 70% des patients prennent du poids, 16% n’en prennent pas voire en perdent s’ils sont bien accompagnés et substitués. En tous les cas, les bénéfices de l’arrêt sont supérieurs par rapport aux inconvénients chez le patient diabétique.
La prise en charge du sevrage tabagique doit être systématiquement incluse dans la prise en charge du diabète.

Quelques outils pour mieux percevoir la consommation tabagique de vos patients :
Test de dépendance à nicotine TEST DE FAGERSTRÖM : https://www.ameli.fr/sites/default/files/test-dependance_cpam-gers.pdf
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